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Le Technistub en visite au MIT center for bits and atoms

Posted on 26 mars 2015 | Commentaires fermés sur Le Technistub en visite au MIT center for bits and atoms

Au mois de février dernier, Technistub était représenté au sein même du berceau des fab labs : le MIT (Massachussetts Institute of Technology) !

MIT Center for Bits and Atoms

MIT Center for Bits and Atoms

MIT Center for Bits and Atoms

MIT Center for Bits and Atoms

A la faveur d’un déplacement professionnel au MIT, notre secrétaire, Stéphane, a pu entrer en contact avec le Center for Bits and Atoms (http://cba.mit.edu/) dirigé par le Prof. Neil Gershenfeld qui est à l’origine du mouvement des fab labs grâce à un cours du MIT intitulé : « How to make (almost) anything ? »

Neil Gershenfeld (source NBCNEWS)

Devant le succès de ce cours, Neil Gershenfeld a poussé le concept plus loin et créé le concept de fab lab, ou du moins dans la forme qu’on connait puisque des lieux de ce genre existaient déjà mais sans se revendiquer de ce label (plus d’infos ici aussi). Sa conférence TED vaut également la peine.

Voici donc un petit tour des lieux et un résumé de la rencontre avec Sherry Lassiter, membre du CBA et directrice de la Fab Foudation.

source : https://www.fablabs.io/fablabcentral

source : https://www.fablabs.io/fablabcentral

Après une prise de contact par courriel et malgré des agendas respectifs super chargés, Sherry Lassiter a eu la gentillesse de dégager un créneau. Rendez-vous est donc pris au 20 Ames street à Cambridge, MA. Les discussions tourneront autour des fab labs en général, qu’ils soient associatifs, internes à des entreprises ou autres. On parlera business model pour les différents types de fab labs, de communauté de labs, d’éducation, de networking. Pour finir évidemment avec une visite du lab du CBA, le fameux Fab Lab Central. Leur credo est simple :

We’ve got it all!! From the building scale to the nano-scale we can make (almost) anything you can imagine!

Pour finir, cerise sur le gâteau, la visite est tombée le jour de la réunion hebdo du CBA avec Neil Gershenfeld qui passe en revue les activités courantes et accueille un invité pour une présentation technique. Ce jour là, c’est William Freeman, du Computer Science and Artificial Intelligence Lab (CSAIL) qui parle de motion magnification.

Organisation des fab labs

Comme on peut s’y attendre, Sherry Lassiter dresse une vue d’ensemble des fab labs qui peuvent être de styles très différents. On a les fab labs avec une activité économique propre, indépendante et pérenne (C’est la meilleure traduction de « sustainable » que j’ai trouvée). Pour autant, pour pouvoir être appelé fab lab, il faut être ouvert au public, au moins à temps partiel. Sherry cite d’emblée l’exemple du fab lab d’Utrecht en Hollande, le protospace (https://www.fablabs.io/protospacefablabutrecht) qui ouvre 4 jours par semaine pour les partenaires, entreprises et clients et 1 ou 2 jours pour les particuliers. Des particuliers y développent leurs projets tout autant que les entreprises. Par exemple, c’est là que des gens ont commencé à bricoler une imprimante 3D, l’ultimaker. Ils en ont fait une entreprise qui connaît un certain succès. Le rapport des fab labs aux entreprises est clair. Si un membre d’un fab lab veut développer une entreprise sur la base de projet(s) réalisé(s) au fab lab, le lab peut avoir vocation à incuber le projet, à l’héberger mais l’entreprise doit ensuite voler de ses propres ailes. Dans ce cas, l’entreprise est évidemment incitée à faire bénéficier la communauté de son travail en retour en mettant tout ou partie de son travail en open source ou open hardware par exemple. Certains jouent le jeu, d’autres moins…

En France, il y a des fab labs qui veulent se baser sur le même modèle. Sherry Lassiter a mentionné le fab lab de Toulouse à plusieurs reprises : Artilect (https://www.fablabs.io/artilectfablab ) qui organise d’ailleurs un fab lab festival en France du 6 ou 10 mai 2015. Sherry Lassiter encourage fortement les fablabs français à s’y rendre car une des forces des fab labs réside dans le networking (voir plus bas).

Pour autant, ce n’est pas le seul modèle de fonctionnement pour un fab lab ! Certains (comme le Technistub) fonctionnent sur le modèle associatif (non-profit organization) dont la déclinaison française est plutôt encadrée par la loi de 1901 ou 1908 en Alsace-Moselle…

Dans ce cas, le fonctionnement et le budget ne se basant pas sur des activités économiques (ou très peu), l’auto-financement se fait avec des formations sur les machines, sur des outils, sur des logiciels ; ou encore avec des ateliers (workshops). C’est la recommandation de Sherry Lassiter, faire des activités pour les membres (mais non limitées aux membres) et pour cela le networking est essentiel. Il faut être connu. Au moins dans son voisinage. De ce point de vue, Nous avons encore des progrès à faire mais on est sur la bonne voie.

Son autre recommandation principale est de prévoir des projets à l’échelle du fab lab, des projets communs. Voire même des projets communs à plusieurs fab labs ou makerspaces et de ne pas se limiter aux projets individuels des membres qui fréquentent le lab. Au stub, on est pas encore très fort là-dessus même si on a commencé avec un événement comme MAKERFIGHT.

Networking

Comme dit, le networking (réseautage en français mais c’est moche) est essentiel. La communauté des fab labs est grandissante mais finalement pas encore si grande. Les gens se connaissent la plupart du temps, même à l’échelle d’un pays ou d’un continent.

Sherry Lassiter a beaucoup insisté sur ce point. Il faut interagir avec ses voisins. Elle a donné les contacts aux fablabs de Toulouse, de Zürich ou d’Amsterdam et nous encourage à les rencontrer autant que faire se peut. Elle nous dit que c’est d’autant plus vrai en France que dans notre pays, il semble que la communauté se développe un peu à l’écart des autres pays. On ne sait pas pourquoi…

Pour pallier à ça, elle propose de se rendre dans les événements organisés un peu partout sur et/ou pour les fab labs.

Il y a par exemple (et en vrac), le fablab festival à Toulouse 6-10 Mai 2015, la conférence annuelle des fab labs aura lieu à Boston cette année du 3 au 9 août 2015 : FAB11. Evidemment ce n’est pas évident pour tout le monde de se rendre à l’autre bout du monde facilement mais dans le principe, c’est pas faux.

En France, on a aussi les Maker Faire (Paris et Saint-Malo) ou les Open Bidouille Camp. Technistub participera d’ailleurs à l’open Bidouille Camp 54 à Nancy les 11 et 12 avril prochains. Une autre façon de réseauter consiste à participer aux événements mis en place par la Fab Foundation.

Fab foundation

Sherry est la responsable du programme Fab labs du CBA au MIT, mais elle est aussi directrice de la Fab Foundation qui a pour objet de promouvoir les fab labs, de les aider à se développer et à les connecter entre eux. Pour ça, il y a pas mal de choses qui sont mises en œuvre :

  • fab academy
  • fab research
    • http://dma.cba.mit.edu – digital materials and assemblers
    • http://bio.cba.mit.edu – biobits
    • http://mtm.cba.mit.edu – machines that make machines
    • http://kokompe.cba.mit.edu – fab modules
    • http://fab.cba.mit.edu/about/faq – fab labs
    • http://surf.cba.mit.edu – programmable surfaces
    • http://milli.cba.mit.edu – programmable matter
    • http://rala.cba.mit.edu – aligning hardware and software
    • http://mmp.cba.mit.edu – mind machines
    • http://i0.cba.mit.edu – internet of things
  • fab education
  • fab labs (charter)
  • fab labs network

et c’est aussi la Fab Foundation qui est en charge de l’organisation de la conférence annuelle (Fab11, cette année).

Ces projets sont intéressants à plusieurs points de vue. Cela permet effectivement de côtoyer des gens d’autres labs car beaucoup d’activités ont lieu en ligne comme la fab academy pour laquelle Neil Gershenfeld himself donne une « lecture » (pas réussi à traduire ça comme il faut) via google hangout et permet à des étudiants de mener à bien un projet (de niveau plus ou moins équivalent à un niveau de master of science, si j’ai bien compris).

C’est aussi la fab foundation qui édite et maintient une FAQ, un guide sur comment monter son fab lab et la fameuse charte des fab labs.

Le volet éducation de la fab foundation est vraiment quelque chose qui leur tient à cœur, leur but est réellement de faire bouger les choses dans le bon sens et de changer le monde (ils aiment bien ça les américains 🙂 ).

On en vient maintenant à la partie qui nous intéresse tous : la visite du Center for Bits and Atoms…

MIT Center for Bits and Atoms

J’ai eu la chance de visiter les locaux le jour où Neil Gershenfeld tenait la réunion hebdomadaire du CBA. J’ai donc pu avoir un petit aperçu des activité et des projets en cours.

Lors de cette réunion, Neil Gershenfeld passe en revue les différentes activités et actualités du CBA, du MIT et de la recherche en général dans les domaines où le CBA intervient. C’est très varié, cela va de la fabrication numérique mais à un autre niveau que dans la plupart des fablabs. Là on parle d’algorithmes de reconstruction de volumes à base de tomographie et de choses dans ce genre… Bref, on est au niveau de la recherche, pas du bidouillage…

Parmi les projets académiques on peut citer (entre autres car j’ai pas eu le temps de tout noter :

Comme on peut s’en douter, les activités du CBA sont supportées par le lab : le fab lab central !

Des projets spécifiques y sont menés comme ceux ci-dessous. Ils sont aussi promus pour la Fab Foundation (cf. fab research) :

je ne m’étends pas sur ces projets mais je mets les liens sur le site du CBA pour plus d’infos. Les projets MTM, fab modules ou GIK (entre autres) sont particulièrement intéressants. Dans les photos, que j’ai prises, on voit un certain nombres de choses issues de ces projets.

 Lab weekly meeting

Pendant la réunion hebdo du CBA, je n’ai pas pris de photo car je ne voulais pas déranger le déroulement de la réunion telle qu’elle se faisait d’habitude. J’étais déjà bien content d’avoir été invité à y assister…

Lors de la revue de l’actualité, j’ai été impressionné par l’étendue des connaissances et compétences de Neil Gershenfeld. Il a pu commenter (en détails) des infos sur des domaines extrêmement différents et noter les points critiques sur ces sujets. On est passé par la détection d’anomalie des reconstructions de structures 3D à bases de mesures tomographiques, par des systèmes de gestions de la charge dans des réseaux électriques intelligents, par les structures de matériaux composites, etc. L’un des sujets de discussion portait sur l’analyse vidéo et l’amplification de mouvements à peine perceptibles. Un spécialiste du sujet était présent. J’ai donc pu assister à une présentation de William T. Freeman sur le concept de motion modification. On peut trouver plus d’infos sur cette technique ici ou encore regarder cette vidéo publiée par le NY Times : Motion magnification lecture from William Freeman (MIT CSAIL)

Fab lab central

Last but not least, j’ai pu visiter le fameux « fab lab central » !

Là, c’est une groooosse claque. Ils ont tout ce dont on peut rêver. Et même plus que ça…

Dans les machines numériques, j’ai pu voir des fraiseuses CNC, principalement des shopbots mais pas seulement. Il y en avait de 3 à 5 axes. Des LASER CUTTER, au moins 6 ou 8 machines !!! Cela va de 30-60W à… 1500W ! Avec ça, on coupe quasiment tout ce qu’on veut.

De l’usinage par jet d’eau (Waterjet machining), une machine à électro-érosion (Electric Discharge Machining) comme ce que l’on peut trouver pour l’usinage de roues de pompes industrielles ou les défauts artificiels pour le contrôle non destructif dans la maintenance industrielle.

On a aussi des découpeuses vinyle et moultes imprimantes 3D. Il y en avait partout, dans tous les coins. Elles viennent de différents fournisseurs (Ultimaker, makerbot (différentes versions) et autres), beaucoup d’imprimantes « maison » aussi avec une certaine variété de conception, delta, plateau fixe ou mobile sur l’axe Z, etc.

On trouve aussi évidemment une ou deux machines de Formlabs, ce n’est pas très surprenant puisque les fondateurs de cette startup viennent du MIT.Il s’agit de cette fameuse imprimante qui fonctionne en stéréolithographie et dont le développement avait été financé via kickstarter et avait récolté plus de 3 millions de dollars.

On trouve aussi beaucoup de machines dédiées à des applications particulières : des microscopes à balayages pour l’analyse de matériaux, une machines de tomographie à rayons X (mais une petite), etc.

Je n’ai par contre pas vu de machine de SLM (Selective LASER Melting) mais je l’ai peut-être ratée au milieu de tout le reste…

On trouve encore beaucoup de machines « custom » pour des applications variées : CNC, gravure de PCB et plein d’autres choses encore.

Enfin les machines traditionnelles ne sont pas en reste. Il y a des fraiseuses (classiques), des tours (métal et bois), un arsenal de soudage impressionnant pour toutes les techniques de soudage, MIG, MAG, TIG, arc welding, découpe plasma ainsi que tout l’arsenal classique de power tools (scie radiale, perceuse à colonne, etc.)

Quant aux passionnés d’électronique, ils ne seraient pas déçu du voyage non plus tant les établis de la zone « élec » grouillent de matériels et de composants de toutes sortes. En particulier, on pouvait voir des briques élémentaires qui font penser à des lego et qui permettent de faire des montages électroniques comme on ferait un montage de lego, en 3D.

Galerie de photos…

Pour finir, ce tour d’horizons, je copie ici les photos que j’ai prises sur place. En vrac.

 

Ce compte-rendu de la visite du CBA ne reflète que mon point de vue (Stéphane), les propos sont rapportés et traduisent mon interprétation des propos échangés avec Sherry Lassiter et Neil Gershenfeld (plus brièvement).

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